Damned, déjà le mois de Mai… Et
mon dernier article date de Janvier !!! Ahhhh, mais aaaahhhh !
Désolé, chères toutes, chers
tous, mais le temps passe si vite ici, et avec une connexion internet en
mousse, en plus d'un quotidien très prenant, il est difficile de trouver le
temps de retranscrire mon vécu en article pour ce blog… Tiens, parlons du
temps, c'est une idée…
Ici le temps file sans qu'on ne
puisse ne serait-ce que l'apercevoir, et à peine a-t-on l'impression de s'en
saisir, de lui attraper la manche pour qu'il s'arrête un peu, qu'il nous a filé
entre les mains sans demander son reste.
Au fil des semaines, des mois qui
défilent, on se rend compte que l'année que l'on passe sur cette île n'est
qu'un instant. Plus l'instant présent se dilate en nous, écrit Jean Claude
Ameisen, devient durée, devient écho, réverbération, et plus notre
représentation consciente peut gagner de nouvelles dimensions, et s'enrichir de
mélanges de perceptions inconscientes et conscientes venant de nos différents
sens, de nos souvenirs, d'émotions évoquées…
Vivre un hivernage, passer un an
sur une île subantarctique, c'est enrichir, nourrir, jour après jour, saison
après saison, s'imprégner davantage de la nature, de l'esprit du lieu, et de
notre vécu, manip après manip, l'instant présent en nous, cet instant, cette
étincelle, qui partira avec nous lorsqu'on repartira.
Aussi, il serait très difficile
pour moi de vous raconter tout ce que j'ai vécu depuis mon dernier billet, la
notion du temps, est, vous l'aurez compris, très floue ici. Je sais en détail
tout ce que j'ai accompli ces derniers mois, mais dire si la manip à Bus de
Février est plus éloignée dans le temps que celle à Pointe Basse en Mars n'est
pas chose évidente, et cela me demande un réel effort. L'île garde tous les
souvenirs vivants, et pendant longtemps.
La manip à Bus fut un moment
mémorable, mais étant donné que je vous ai déjà parlé de cet endroit, je la
sauterai pour vous parler de mes deux dernières manips ;) !
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Pélèvement d'eau dans la Vallée de la Hébé |
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L'arbec de Bus, les pieds au bord de l'eau |
Début Mars, j'ai eu l'occasion de
retourner à Pointe Basse, Mecque des ornithologues. A l'occasion de la campagne
d'été, trois scientifiques y avaient élu domicile pour une durée d'un mois, y
étudiant joyeusement le comportement du Grand Albatros. Ce site est toujours un
émerveillement, et y séjourner est un réel plaisir, hormis peut être les
duvets, qui, après quatre mois d'usage intensif, sentaient, il faut l'avouer,
le coyote mort abandonné sous un meuble… Mais cela fait partie de la vie en
Arbec ! Retour donc sur le Champ des Albatros, et surtout à Jardin Japonais,
avec pour guide Thibaut, manchologue 394 qui y a étudié les manchots macaronis
et sauteurs depuis son arrivée ! Récolte de lichens sur la plage de JJap,
observation des jeunes otaries, présentes par centaines, et toujours,
s'extasier devant la beauté du lieu ! :)
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Jardin Japonais |
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Un couple de Manchots Macaronis |
Puis le retour du Marion Dufresne
! Et oui, OP1 est déjà là ! C'est fou… à la dernière OP, nous arrivions, encore
verts d'été, en catastrophe, sur une OP d'ampleur sans commune mesure sur l'île
de la Possession, et sans comparaison possible avec cette OP1… Que ce soit au
nombre de caisses déchargées, de personnes sur base, le souvenir de notre
arrivée a fait que nous étions prêts à bien plus ! Et cette fois, nous n'étions
plus les arrivants, mais bien les autochtones sauvages, même si pas si sauvages
que ça, quoique… Une OP et puis s'en va, le Marduf a quitté les eaux
Crozetiennes, emmenant avec lui des compagnons d'aventure qui vivaient avec
nous depuis Novembre. L'île de la Possession, Archipel de Crozet, Terres
Australes et Antarctiques Françaises, est passée à 23 habitants, effectif final
à passer l'hiver…
Avril, direction la Pérouse ! La
partie la plus sauvage de l'île, et à mon sens celle qui se mérite le plus si
on prend en compte la difficulté du transit pour s'y rendre ! Une petite
cabane, sans électricité, perdue au milieu de la vallée des Géants, le cadre
est planté. D'un côté, l'œil du Mascarin, point culminant de l'île, du haut de
ses 934 mètres, de l'autre, la Tour Blanche, édifice naturel, reste d'un dôme
de roche gris-blanche rappelant une tour brisée qui aurait pu sortir d'un
esprit Tolkienesque. Au fond de la vallée, de vastes étendues rappelant un
oued, et à voir les sillons à flanc de montagne, en période de crue, il ne vaut
mieux pas être dans les parages !Au programme, vous commencez à
connaître, relevé de lichens, et prélèvements d'eau pour recherche de
diatomées.
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L'arche de la Pérouse |
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Le Mascarin, 930 et quelques mètres, point culminant de l'île |
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La Tour Blanche, l'Isengard écroulée !
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Voilà voilà, c'est succinct, mais
ce sont des petites nouvelles du bout du monde ! je n'ai pas été mangé par mes
escargots, ni par les manchots, ni par les otaries… Quoi d'autre, je mange
bien, ne suis pas devenu obèse, ni anorexique… Tout va bien par ici ;p ! Par contre le temps refroidit ici, pendant qu'il se réchauffe en métropole ! Eh oui, ici c'est l'hiver ! Winter is coming...