lundi 6 mai 2013

Winter is coming...



Damned, déjà le mois de Mai… Et mon dernier article date de Janvier !!! Ahhhh, mais aaaahhhh !
Désolé, chères toutes, chers tous, mais le temps passe si vite ici, et avec une connexion internet en mousse, en plus d'un quotidien très prenant, il est difficile de trouver le temps de retranscrire mon vécu en article pour ce blog… Tiens, parlons du temps, c'est une idée…
Ici le temps file sans qu'on ne puisse ne serait-ce que l'apercevoir, et à peine a-t-on l'impression de s'en saisir, de lui attraper la manche pour qu'il s'arrête un peu, qu'il nous a filé entre les mains sans demander son reste.


              Au fil des semaines, des mois qui défilent, on se rend compte que l'année que l'on passe sur cette île n'est qu'un instant. Plus l'instant présent se dilate en nous, écrit Jean Claude Ameisen, devient durée, devient écho, réverbération, et plus notre représentation consciente peut gagner de nouvelles dimensions, et s'enrichir de mélanges de perceptions inconscientes et conscientes venant de nos différents sens, de nos souvenirs, d'émotions évoquées…
Vivre un hivernage, passer un an sur une île subantarctique, c'est enrichir, nourrir, jour après jour, saison après saison, s'imprégner davantage de la nature, de l'esprit du lieu, et de notre vécu, manip après manip, l'instant présent en nous, cet instant, cette étincelle, qui partira avec nous lorsqu'on repartira.
Aussi, il serait très difficile pour moi de vous raconter tout ce que j'ai vécu depuis mon dernier billet, la notion du temps, est, vous l'aurez compris, très floue ici. Je sais en détail tout ce que j'ai accompli ces derniers mois, mais dire si la manip à Bus de Février est plus éloignée dans le temps que celle à Pointe Basse en Mars n'est pas chose évidente, et cela me demande un réel effort. L'île garde tous les souvenirs vivants, et pendant longtemps.

La manip à Bus fut un moment mémorable, mais étant donné que je vous ai déjà parlé de cet endroit, je la sauterai pour vous parler de mes deux dernières manips ;) !
Pélèvement d'eau dans la Vallée de la Hébé

L'arbec de Bus, les pieds au bord de l'eau


             Début Mars, j'ai eu l'occasion de retourner à Pointe Basse, Mecque des ornithologues. A l'occasion de la campagne d'été, trois scientifiques y avaient élu domicile pour une durée d'un mois, y étudiant joyeusement le comportement du Grand Albatros. Ce site est toujours un émerveillement, et y séjourner est un réel plaisir, hormis peut être les duvets, qui, après quatre mois d'usage intensif, sentaient, il faut l'avouer, le coyote mort abandonné sous un meuble… Mais cela fait partie de la vie en Arbec ! Retour donc sur le Champ des Albatros, et surtout à Jardin Japonais, avec pour guide Thibaut, manchologue 394 qui y a étudié les manchots macaronis et sauteurs depuis son arrivée ! Récolte de lichens sur la plage de JJap, observation des jeunes otaries, présentes par centaines, et toujours, s'extasier devant la beauté du lieu ! :)

  
Jardin Japonais

Un couple de Manchots Macaronis


          Puis le retour du Marion Dufresne ! Et oui, OP1 est déjà là ! C'est fou… à la dernière OP, nous arrivions, encore verts d'été, en catastrophe, sur une OP d'ampleur sans commune mesure sur l'île de la Possession, et sans comparaison possible avec cette OP1… Que ce soit au nombre de caisses déchargées, de personnes sur base, le souvenir de notre arrivée a fait que nous étions prêts à bien plus ! Et cette fois, nous n'étions plus les arrivants, mais bien les autochtones sauvages, même si pas si sauvages que ça, quoique… Une OP et puis s'en va, le Marduf a quitté les eaux Crozetiennes, emmenant avec lui des compagnons d'aventure qui vivaient avec nous depuis Novembre. L'île de la Possession, Archipel de Crozet, Terres Australes et Antarctiques Françaises, est passée à 23 habitants, effectif final à passer l'hiver…

              Avril, direction la Pérouse ! La partie la plus sauvage de l'île, et à mon sens celle qui se mérite le plus si on prend en compte la difficulté du transit pour s'y rendre ! Une petite cabane, sans électricité, perdue au milieu de la vallée des Géants, le cadre est planté. D'un côté, l'œil du Mascarin, point culminant de l'île, du haut de ses 934 mètres, de l'autre, la Tour Blanche, édifice naturel, reste d'un dôme de roche gris-blanche rappelant une tour brisée qui aurait pu sortir d'un esprit Tolkienesque. Au fond de la vallée, de vastes étendues rappelant un oued, et à voir les sillons à flanc de montagne, en période de crue, il ne vaut mieux pas être dans les parages !Au programme, vous commencez à connaître, relevé de lichens, et prélèvements d'eau pour recherche de diatomées.

L'arche de la Pérouse
Le Mascarin, 930 et quelques mètres, point culminant de l'île

La Tour Blanche, l'Isengard écroulée !
Voilà voilà, c'est succinct, mais ce sont des petites nouvelles du bout du monde ! je n'ai pas été mangé par mes escargots, ni par les manchots, ni par les otaries… Quoi d'autre, je mange bien, ne suis pas devenu obèse, ni anorexique… Tout va bien par ici ;p ! Par contre le temps refroidit ici, pendant qu'il se réchauffe en métropole ! Eh oui, ici c'est l'hiver ! Winter is coming...

2 commentaires:

  1. Merci Grand Xuan, profites bien de cet endroit magique où le temps n'existe pas vraiment et où la vie se déploie sans être coupée en rondelles !
    Comment avons nous fait pour nous laisser détourner de cette unité qui est notre vie...
    Alors respires prends tout ce que tu peux et merci pour le partage.
    Je t'embrasse fort
    Joëlle

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  2. Saluti e baci d'Italia d'Anna-Maria, Vincenzo e mama.

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